PARACHAT PINH’AS

Le salut d’Israël dépend, dans une large mesure, de notre désir immodéré.

En regardant nos calendriers hébreux, nous remarquons que nous sommes maintenant entrés dans « Les Trois Semaines », qui ont commencé le dix-septième jour du mois de Tammuz, le jour où les murs de Jérusalem ont été percés, et se termineront le neuvième jour du mois de Av – Ticha B’Av, le jour où le Saint Temple a été détruit.

Bien qu’il ne soit pas nécessaire d’établir un lien formel entre les sujets traités dans les parties de la Torah qui se déroulent pendant cette période, il est intéressant de noter que cette partie, Pin’has, est toujours lue pendant « Les trois semaines », ou très proche de celles-ci. À première vue, les sujets abordés dans « Parachat Pin’has » n’ont rien à voir avec le deuil et la destruction, mais si nous examinons ces versets de plus près, nous découvrirons une autre couche de sens qui pourrait expliquer le lien avec cette période de l’année.

L’un des nombreux sujets abordés dans cette partie, qui est couverte de manière très détaillée, est la manière dont la terre devait être répartie entre les différentes tribus : Comment les lotissements seraient-ils mesurés ? Seraient-ils déterminés sur la base d’une loterie, de la taille de la tribu ou d’autre chose ?

Puis, apparemment sorti de nulle part, nous lisons l’histoire de cinq sœurs qui se tiennent ensemble devant Moshé et Elazar le Prêtre. Elles font appel à la plus haute autorité disponible, avec la revendication suivante : « Notre père est mort dans le désert… Pourquoi le nom de notre père devrait-il être éliminé de sa famille parce qu’il n’avait pas de fils ? Donnez-nous une part avec les frères de notre père ».

Les filles de Tselafhad veulent recevoir une part de la terre et un héritage, et elles ne veulent pas que le nom de leur père soit terni et qu’on leur refuse un héritage en Terre d’Israël. Jusqu’à cette époque, les lois coutumières en matière d’héritage prévoyaient que les frères du défunt – les oncles des filles – devaient hériter de leur frère, laissant les filles sans aucun héritage. Le nom de leur père aurait été effectivement effacé de la carte des héritages.

Moshé, ignorant la réponse à cette question, renvoie la question à l’Éternel, qui répond que les filles sont correctes dans leur affirmation, et qu’elles devraient recevoir l’héritage familial de leur père.

Nos rabbins ont été impressionnés par cette histoire : : « Leur revendication est juste. Heureuse est la personne dont le Saint, béni soit-il, partage la parole ».

En effet, c’est assez impressionnant. Cinq femmes font appel à Moshé, et par respect pour leur demande, la Torah nous révèle cette loi spéciale.

Cependant, nous devons également nous demander pourquoi D… n’avait pas choisi de donner à Moïse l’instruction d’appliquer cette loi avant que ces femmes ne l’approchent. Après tout, Moshé était tout à fait capable de comprendre tous les scénarios qui pourraient éventuellement se présenter, et D… savait clairement qu’il fallait trouver une solution pour les familles sans fils.

Pourquoi, alors, avons-nous dû attendre que les filles de Tselafhad viennent soulever la question pour qu’une réponse divine soit apportée à une loi aussi simple ? N’aurait-on pas pu enseigner les règles à Moshé à l’avance ?

La réponse à ces questions peut être liée à la nature du lien de la nation juive avec la Terre d’Israël. Il est clair qu’il existe toutes sortes de lois et de mitsvot auxquelles nous devons adhérer, quel que soit notre lien spirituel avec elles. Prenez l’interdiction de voler ou de tuer, par exemple. Une personne peut soit soutenir cette idée, soit la trouver répréhensible, mais cela n’a aucune incidence sur l’obligation de cette personne de respecter la loi. Dans ce cas, le respect total de la loi est la clé du maintien de la civilisation humaine et de l’ordre fondamental. C’est pourquoi il s’agit d’interdictions absolues, et personne ne se soucie de savoir si les gens aiment cette idée.

Mais il y a aussi des idées et des mitsvot qui sont tout sauf formalistes, comme le commandement d’honorer nos parents. Nos rabbins nous disent que certains pourraient donner à leurs parents de grandes quantités de nourriture et d’argent, tout en restant grossièrement négligents dans leur respect, tandis que d’autres pourraient forcer leurs parents à s’engager dans des travaux lourds, comme la mouture du blé dans une meule, tout en étant considérés comme respectueux. Dans ce cas, tout dépend de ce qu’il y a dans le cœur de l’enfant et du respect qu’il ressent réellement, de la façon dont il parle à ses parents, etc.

La Terre d’Israël appartient au deuxième groupe de mitsvot. Un verset des Tehillim (Psaumes) se rapporte à l’amour de la Terre d’Israël, en déclarant « Car tes serviteurs ont désiré ses pierres et ont favorisé sa poussière ». Le grand poète espagnol, Rabbi Yehuda Halevi, remarque que le salut d’Israël dépend, dans une large mesure, de notre désir immodéré.

De même, notre vie en Terre d’Israël dépend dans une large mesure de notre volonté de nous y connecter et de nous lier à elle. Le péché des espions était d’avoir rejeté la terre désirable, et le remède à cette injustice était l’effusion d’amour pour la terre. C’est peut-être la raison pour laquelle D… a décidé que la loi concernant l’héritage des filles de Tselafhad devait être révélée à leur initiative, et non comme une instruction venant d’en haut. C’est comme si l’Éternel leur disait que leur profond désir d’hériter de la terre de leurs ancêtres est la clé pour gagner cet héritage.

De nos jours, alors que la tradition juive s’attarde sur la destruction du peuple et du Saint Temple – des événements qui se sont produits il y a longtemps – nous devrions lire dans notre partie de la Torah des leçons qui nous apprennent comment nous sommes censés retourner sur la terre – avec amour, dévouement et désir. Il y a longtemps, les gens avaient besoin d’une grande dévotion pour ressentir les vertus de la terre, mais aujourd’hui, il suffit de regarder autour de nous, et nous comprenons que la terre est en effet très bien – nous devons juste exprimer notre amour par nos actions.

Moshe SEBBAG

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