PARACHAT NASSO

La hauteur de la responsabilisée qu’un chef communautaire doit avoir 

Ce Shabbat, nous allons lire la Paracha Nasso. Elle comporte 176 versets, ce qui en fait la plus longue Paracha de la Torah (soit dit en passant, elle comporte le même nombre de versets que le plus long chapitre du Psaume119, et il y a 176 pages dans le plus long traité du Talmud babylonien). Beaucoup de ces versets décrivent les sacrifices offerts par les princes des tribus le jour de l’inauguration du tabernacle (Michkan) dans le désert.
Voici une brève chronologie : Le peuple d’Israël a quitté l’Égypte au milieu du mois de Nissan. Sept semaines plus tard, au cours du mois de Sivan, la Torah a été donnée sur le mont Sinaï – un événement que nous avons marqué la semaine dernière, à Chavouot. Quarante jours plus tard, Moshé est descendu du Mont Sinaï avec les Tables de la Loi, qu’il a brisées à la suite du péché du veau d’or. Après quatre-vingts jours de prière, le jour de Yom Kippour de cette année-là, Moshé revint avec une autre série de tables et quelques nouvelles : D… avait ordonné la construction du tabernacle (Michkan). La nation rassemble avec enthousiasme les matériaux nécessaires, et la consécration du Michkan a lieu le premier jour du mois de Nissan, la deuxième année après que la nation ait quitté l’Égypte. Une description détaillée de la consécration du Mishkan figure dans le livre de Vayikrah. Le livre de Bamidbar, que nous avons commencé à lire la semaine dernière, s’ouvre sur un compte rendu des recensements que Moshé effectue le premier jour du mois de Iyar. Ces événements précèdent une migration massive de centaines de milliers de personnes vers la Terre d’Israël.

Le voyage lui-même a eu lieu le vingtième jour du mois de l’Iyar (un événement dont nous parlerons la semaine prochaine). Au vu de cette chronologie, nous nous demandons pourquoi la Torah avait besoin de mentionner les sacrifices que les princes avaient offerts au cours du mois précédent. Ce n’est pas une simple question d’anachronisme. Sémantiquement, il est plus logique de placer le chapitre traitant des sacrifices aux côtés des autres activités entourant la consécration du Mishkan, plutôt que juste avant que la nation ne commence son voyage dans le désert. C’est-à-dire, à moins que la Torah n’ait jugé bon de nous transmettre un message à ce stade de la lecture, alors que la nation se prépare au voyage vers la Terre d’Israël. J’aimerais m’attarder sur le verset très spécial décrivant les princes qui ont apporté les sacrifices. La Torah relate ce qui suit : « Les princes d’Israël, les chefs des maisons de leurs pères, ont présenté. Ils étaient les chefs des tribus. Ce sont eux qui étaient présents lors du recensement. » La Torah n’utilise pas moins de quatre expressions pour les décrire : les princes, les chefs des maisons de leurs pères, les chefs des tribus, et ceux qui étaient présents lors du recensement. Certains de ces titres semblent contradictoires, puisqu’un prince est le chef d’une tribu, alors que le chef de la maison paternelle est visiblement le chef d’une famille élargie au sein de la tribu. Pourquoi, alors, la Torah a-t-elle attribué tant de titres à ce groupe de     personnes ? Le brillant commentaire de Rachi a attiré mon attention. Il décide d’associer les princes aux maîtres égyptiens : « Ils étaient les officiers supérieurs en Égypte, et ils ont été battus à cause d’eux ».

Ces princes n’étaient pas de la noblesse, et ne devaient pas leur travail à des liens familiaux ou au favoritisme. Ces hommes étaient en Égypte, parmi leurs frères souffrants, et ils avaient été battus lorsqu’ils avaient essayé de défendre les esclaves qui n’avaient pas accompli leur quota de travail quotidien prévu. Ils portaient sur leurs épaules la douleur de toute la nation, et ainsi, ils ont gagné le droit de mener leur peuple à travers le désert. Cette interprétation donne une autre connotation au mot « nassi » (prince). Deux mots peuvent désigner un leader : roch (tête) et nassi (prince). Un roch est le chef qui dirige avec son esprit et sa raison. Un nassi, en revanche, est autre chose. Un nassi porte un peuple sur ses épaules, ressent sa douleur, trouve des remèdes à sa douleur et répond à ses besoins. La nation d’Israël s’est mise en route pour un voyage en Terre d’Israël, et la Torah veut nous montrer qui étaient ces princes. Le jour de l’inauguration du Mishkan, chacun d’entre eux souhaite offrir des sacrifices pour expier les péchés de leurs tribus, et pour que les tribus puissent persévérer. Ils étaient entièrement absorbés par leur préoccupation pour les hommes de leur tribu, et ce sont eux qui les conduiraient sur le chemin. C’est peut-être pour cette raison qu’on les appelle aussi « les chefs des maisons de leurs pères ». Ils considéraient chaque membre de la tribu comme leurs propres enfants.

Un prince tribal n’est pas un travail paisible. C’est le rôle destiné à ceux qui sentent que ce travail est un moyen pour eux d’être à la hauteur de leurs responsabilités envers leurs tribus. Ces tribus se rendent en Terre d’Israël, où elles devront résister à des épreuves aussi complexes. Il est d’une importance vitale pour nous de pouvoir faire confiance à nos dirigeants, et soyez assurés qu’ils ont fait de nos préoccupations leur première priorité. Ils doivent être prêts à être battus pour notre compte et à sacrifier des animaux en notre nom, et si tout cela est vrai, ils nous mèneront sûrement sur le chemin de la sécurité vers notre patrie.

Chabbat Chalom
Rabbin Moshe SEBBAG

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